« Rien ne meurt jamais tout à fait. Ce que l’on croit perdu attend simplement d’être redécouvert »
Victor Hugo –
Bruxelloises, Bruxellois, amateurs de belles lettres et de saveurs qui claquent, laissez-moi vous annoncer avec éclat : la Galerie Bortier entre dans une nouvelle ère ! Pas une simple réouverture, non. Une véritable résurrection, comme une édition originale qu’on croyait perdue, comme un vieux grimoire qui révèle soudain une page oubliée, comme une bouteille millésimée qu’on débouche après des décennies. Un lieu d’exception qui retrouve son éclat, avec une bonne dose d’audace et un amour intact pour Bruxelles.
Au XIXe siècle, Bruxelles se réinvente. On veut sa part du progrès, comme Paris et Londres. Des boulevards élargis, des passages couverts, du verre, du fer forgé, et un soupçon de grandeur pour faire briller la capitale d’un jeune royaume encore en pleine construction.
Pierre-Antoine Bortier, mécène éclairé, saisit l’air du temps. Là où s’élevait autrefois l’Hôpital Saint-Jean, il imagine un marché couvert moderne, un temple du commerce où l’on vendrait denrées exotiques et produits d’exception. Pour réaliser cette ambition, il fait appel à Jean-Pierre Cluysenaar, l’architecte visionnaire des Galeries Saint-Hubert.
Mais si le marché de la Madeleine peine à séduire les chalands, les livres, eux, trouvent immédiatement leur public. Dès 1850, la Galerie Bortier devient le repaire des bouquinistes, un havre pour les amoureux du papier et de l’encre. Un passage où l’on flâne, où l’on chine, où l’on feuillette à l’abri du tumulte bruxellois.
Pendant près d’un siècle, Bortier vit ses heures de gloire. Les libraires y prospèrent, les collectionneurs s’y pressent, les vitrines débordent d’éditions rares et de gravures précieuses. On y débat de littérature sous la verrière, on y négocie des ouvrages introuvables, on y refait le monde entre deux pages jaunies.
Puis, le coup dur. Dans les années 1950, la démolition du Marché de la Madeleine la prive de son bras menant à la rue Saint-Jean. La Galerie, amputée, s’éteint peu à peu. Elle devient une parenthèse oubliée, un secret bien gardé des derniers bouquinistes et des chineurs acharnés.
Et puis, un jour, Bruxelles redécouvre son joyau. En 2024, après une rénovation minutieuse orchestrée avec la Régie des Bâtiments, chaque arcade retrouve sa prestance, chaque brique son histoire. Mais loin de se figer dans son glorieux passé, Bortier se réinvente.
Les livres sont toujours là, fidèles au poste. Fanny Genicot et Pierre Coumans veillent sur leurs trésors littéraires, Nicolas Van Cutsem, éternel chineur de pépites, fait dialoguer passé et présent. Le Kawa Club invite à dévorer un roman en trempant son biscuit dans un flat white millimétré.
Mais désormais, Bortier se savoure aussi avec les papilles ! Naanry balance des cheese naans et un butter chicken à faire saliver Kipling. Polpo nous embarque dans une épopée marine. Dierendonck affine ses cochonnailles avec l’exigence d’un horloger suisse. Sélections fait fondre de bonheur avec ses farandoles de fromages au sommet. Gazzosa fait chanter Verdi avec ses pâtes al dente et ses pifs naturels. Mezzeway envoie du chich taouk juteux comme jamais.
Et pour trinquer ? Direction le Bar à Bibine, où les microbrasseries bruxelloises font mousser leurs créations et où le vin nature coule en douce.
La Galerie Bortier n’est pas juste un passage commerçant. C’est une bibliothèque vivante, un témoignage de l’histoire bruxelloise, une parenthèse hors du temps où se croisent l’esprit et le goût, la tradition et l’audace.
Venez flâner sous les verrières, vous perdre entre les étagères, feuilleter un roman, trinquer à la culture, croquer un bout d’histoire. Que vous soyez ici pour une édition rare, un ceviche ou un débat littéraire, vous repartirez toujours avec une anecdote dans la poche et une pépite dans les mains.
La Galerie Bortier, c’est Bruxelles dans tout ce qu’elle a de plus vibrant : un carrefour où les mots dansent avec les saveurs, où le passé s’écrit au présent et où chaque détour promet une découverte.
Alors, prêts à écrire la suite de l’histoire avec nous ?